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C’est un après-midi d’été où les secondes engluées de chaleur se piègent au chant lancinant et monocorde des cigales.
La pénombre de la chambre nous capture dans son oasis de fraîcheur et le lit accueille nos corps emperlés de désir.
A travers les lames des persiennes, la lumière éclabousse de ses striures blondes nos corps de pénombre, dessinant les zébrures d’une nouvelle et éphémère topographie érotique.
Nous nous aimons, d’abord par ces effleurements où la pulpe des doigts lape la moiteur des peaux puis affame les sens semant çà et là, de surprenants frissons au détour de la nuque, sur l’aréole d’un sein ou dans l’anfractuosité de l’aine.
Après des incursions, des digressions, des halètements où les pianissimo, moderato et allegro fortissimo cadencent le ballet de nos corps et rythment les émois de nos cœurs, nous basculons dans l’extase flamboyante.
Heureux et comblés, ma tête abandonnée sur ton torse, tes bras autour de mes épaules, jambes emmêlées, souffles confondus, nous sombrons très vite dans un sommeil sans marges.
Je m’éveille dans une douce torpeur par laquelle le lieu et le temps flottent, approximatifs.Doucement, je me redresse sur un coude et te redécouvre.
Etendu sur le dos, offert aux songes qui te visitent, j’écoute ta respiration douce et apaisée. Dans l’innocence de ce don, je te bois des yeux, me rassasie de toi avec la sensation grisante d’un bonheur volé.Ton visage au repos offre l’apparente quiétude d’une mer étale.
J’avance mes doigts et effleure ta peau dans une lecture en braille qui me parle viscéralement de toi . J’en apprivoise le grain et, d’un index troublé, je suis ces infimes griffures qui, au coin des yeux, ligaturent le temps en gerbes puis ces deux petits sillons reliant les ailes du nez aux commissures des lèvres comme deux passerelles jetées entre le souffle et l’émotion. Et soudain, dans cette proximité pourtant si familière, ton visage se fait énigme: je ne saurai jamais vraiment jusqu’où t’emportent tes rêves ni le souvenir fantôme que tu en garderas …
Et, cette part de mystère qui t’appartient et dont je ne décrypterai jamais les arcanes, ce toi « autre » qui demeure inconnu, c’est aussi celui qui m’aimante si fort …
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