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Nimbé d’une aura laiteuse, l’après-midi s’est figé peu à peu. Une gangue de feu cloue la moindre pulsation au fronton de l’été et le sol exhale son haleine ardente en rideau diaphane et vacillant.
Le temps perclus s’englue aux poussières d’une chaleur visqueuse et le vol des insectes a cette pesanteur des existences harassées …
A l’abri des volets clos, la maison dresse des barricades de pénombre.
Dans une folle noria de pales, le ventilateur malaxe un air moite sans parvenir à bousculer la vie en dormance.
Après un dîner frugal, nous sombrons dans une léthargie qui ankylose le corps et garrotte toute pensée.
Un violent coup de tonnerre nous tire de cette torpeur et nous ranime en sursaut, trempés de sueur.
D’un bond, nous voici dehors: tout n’est que grondements, éclairs, fureur.
Sous un ciel glauque strié d’orange, un vent hussard distord le feuillage des arbres dans un sifflement aigu.
Nous regardons, silencieux, cette nature bouleversée qui plie sous le joug des éléments déchaînés.
L’atmosphère électrique exaspère étrangement tous nos sens tendus vers une indicible attente. Puis, le vent s’apaise enfin tandis que les premières gouttes de pluie pilonnent la terre avide.
Debout l’un contre l’autre, grisés par ces fragrances d’humus, nous renaissons à la vie sous une cascade d’eau et d’odeurs vaporisées en particules aphrodisiaques.
Une ivresse étrangère nous subjugue et nous aimante inexorablement.
Sur l’instant même, nos regards qui s’entrechoquent amplifient la fulgurance de cette démoniaque possession.
Nos mains arrachent dans une mue précipitée les vêtements encollés à nos peaux.
Une culbute convulsive nous jette à terre et nous roulons dans l’herbe, soudés l’un à l’autre dans un baiser sauvage.
Ruisselant de pluie, tatoués de boue et griffés d’effluves nous nous vautrons sur le sol détrempé dans la violence corps à corps d’un plaisir primitif aux allures de joute.
Ne subsiste plus que la seule conscience charnelle d’une jouissance abrupte et violente qui, à coups de boutoir insolents, nous propulse rapidement jusqu’à l’acmé.
Nous resterons longtemps immobiles, étendus tels deux gisants : amnésiques de l’ondée, sourds au tonnerre, abasourdis par cet envoûtement né de l’orage.
Elise
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