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Tu m’as couchée sur le lit comme une fleur fraîchement coupée.
Doucement tu as ramené mes bras dans mon dos puis, réveillant le silence ankylosé, il y a eu de double « clic » livrant implacablement mes poignets à la morsure froide de l’acier…
Tu me voulais ainsi : menottée….
Comment t’inventer désormais ainsi privée de ces mains de cueilleuse au verger de ton corps ?
Quel sens inédit donner alors à l’espace sans les arabesques de mes doigts amoureux ?
Un sourire sibyllin flottait sur tes lèvres sans que je puisse en décrypter les parts de jeu et de petite perversité …
Ah ! Tu l’avais bien conçu ce sortilège qui me dépossédait de toi pour mieux m’y attacher…
Livrée aux variations énigmatiques de ton désir, contrainte par corps et enchaînée de cœur, je ressemblais à un moineau blessé gisant sur le flanc.
Lentement, tu m’as agenouillée tandis que d’une main assurée, tu incurvais exagérément la cambrure des mes reins jusqu’à offrir à ton regard satisfait le rebondi indécent d’une croupe impudique.
Buste fléchi, mains entravées, dos tourné, je te fantasme dans ce sillage parfumé que le moindre de tes mouvements disperse comme autant de balises aromatiques.
Ignorante de l'inflexion que tu vas donner à ton geste, analphabète de son ellipse, aveugle de sa trajectoire, je savoure l'acuité de l'instant au cordeau de l'attente.
Tu dégages ma nuque et déjà le souffle chaud de ton haleine m’emporte vers d’autres ailleurs tandis que tes lèvres ciblent avec une précision démoniaque ce point infime dont tu as percé les arcanes.
Pourquoi, mais pourquoi donc le seul contact de ta bouche là, juste sous l’oreille droite, me plonge t-il immédiatement dans cet état semi hystérique ?
C’est insupportablement bon, abominablement agaçant et obsessionnellement jubilatoire à la fois.
Et tandis que je me contorsionne, prête à défaillir, tes lèvres s’arriment à ce pétale de chair pour le sucer jusqu ‘à sa mutation en coquelicot éclos.
Tu vois l’état dans lequel tu me mets ?
Tu vas me tuer si tu continues ainsi …
Tu la vois cette petite chienne lubrique au ventre creusé de désir qui gémit, halète et rampe ?
Regarde là donc et repais-toi de ces fesses haut- relevées, de ce cul détrempé qui se porte obstinément à ta rencontre.
Contemple-les bien ces lèvres gonflées sur la nacre irisée : on dirait un petit bénitier sacrilège.
Cruel, va … tu me fais languir, tu m’exacerbes, tu m’immoles à petit feu.
Tes mains musardent le long de mon échine, flattant au passage les rives écartelées de mes hanches pour venir marivauder sur la rotondité de mes fesses.
Bon sang ! Mais qu’est ce que tu attends pour les empoigner et pour les griffer jusqu’au rugissement de délivrance !
Je n’ai plus besoin de caresses.
Je veux ta queue fière et dure : maintenant !
Il me faut le bouleversement de ses coups de boutoir jusqu’à me raviner et confronter à sa vérité bestiale la petite femelle en rut que tu fais de moi.
Volubile et outrancier, mon cul érigé guette l'attaque finale mais au lieu de l’estocade espérée c’est le soubresaut d’une fessée écarlate qui vient l’ébranler.
Lacérée par le plaisir et la douleur mêlés je creuse inexorablement mes lombaires.
« Vas –y… Oui…Encore ! »
« Tu aimes ça … hein ? Ma petite salope ! »
C’est la première fois que tu oses me dire ces mots rougissants…
C’est la première fois qu’ils sortent de ta bouche, rugissants…
Et pourtant… si tu savais combien -paradoxalement- je les trouve magnifiques !
« Oh Ouiiiii ! Je suis ta petite chienne, je veux être ta petite pute! »
Ma bouche enivrée étrenne la saveur nouvelle de ces mots qui roulent sous la langue comme un vin capiteux.
J’apprends les pluralités de ce corps singulier ; hier encore nourri de douceurs, aujourd'hui fasciné par l'abyssal plaisir ténébreux.
Mon Dieu… comme c’est bon de s’y perdre pour mieux renaître ; autre…
Mon cul brûle sous l’ardeur de tes fessées mais voici que tu viens l’incendier en dardant ton gland à l’orée de ma fente de lave.
Je m’incurve au maximum, je tire sur ces menottes qui me broient les poignets et j’enrage de ne pouvoir m’emparer de ton vit pour l’enraciner là, en cette argile glabre.
C’est trop fort, trop émoustillant, trop suppliciant…
Achève moi… vite !
Machiavélique, tu t’obstines à lustrer avec une lenteur calculée ta verge arquée contre ma fissure cramoisie et dans un mouvement de balancelle tu remontes vers le promontoire de mes fesses pour redescendre et remonter encore ; sans trêve dans ce sillon abscons qui me découd et me rassemble ; simultanément…
C’est pas possible une telle fourberie !
Comment fais-tu, toi, pour résister encore ?
C’est inconcevable… Tu dois penser à autre chose !
Parce que toi, en ce moment, tu es encore capable de penser ?!
Je t’en supplie : achève ma mue…
Enfin…
L’espace d’un soupir, la trahison d’un ultime râle et d’un seul coup tu m’empales jusqu’à la garde.
Extase flamboyante : je jouis, convulse et me dilue dans la petite mort.
Un peu plus tard, j’accosterai dans la tendresse de tes baisers sur mes poignets meurtris avant de m’endormir lovée au berceau de tes bras.
Oserai-je te remercier, mon Amour, pour cette part d’ombre dont tu m’as enfantée ce jour là ?
…. Ainsi soit –elle !
( Elise)
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