Elise et moi  SANS DESSUS......DESSOUS.......    

En ce mois de Juillet caniculaire, le soleil tapait et nous arpentions depuis plus d'une heure les ruelles désertes de cette petite ville méridionale, complètement épuisés. Parvenus devant une petite église dont la porte n'était pas fermée à clé, chose rare, nous décidâmes d'y entrer, non pour prier mais simplement pour nous rafraîchir !
Près de la grande porte en bois massif, nous n'avions pas remarqué un petit panneau précisant que les tenues débraillées n'étaient pas tolérées dans ce lieu saint. Or, nous étions en jeans, T-shirts et tongs !
Au bout d'à peine trois minutes, surgi d'on ne sait où, un beau jeune homme tout de noir vêtu, à l'évidence le bedeau, s'approcha de nous le regard sévère.

- Vous ne savez donc pas lire ? Votre accoutrement indécent offense le Seigneur !
- Désolés...nous ne savions pas...
- Allons, enlevez-moi tout ça !
- Quoi ?
- Vous m'avez parfaitement entendu !
- Mais... mais...
- Vous êtes sourds ?  

 Nous étions abasourdis mais notre interlocuteur nous expliqua en quelques mots que la nudité était naturelle et que Dieu avait créé l'homme à son image... il ne pouvait donc que se réjouir de contempler en nos corps son propre reflet. Non sans réticence nous finîmes par nous exécuter et lorsque nous nous retrouvâmes complètement nus, le bedeau avait disparu. Où donc était-il passé ?
Nous tenant la main comme de jeunes mariés, nous nous dirigeâmes d'une démarche de somnambule vers l'autel, nos pieds nus foulant la fraîcheur des dalles blanches sans faire le moindre bruit.
L'odeur d'encens dans la pénombre apaisante du saint édifice nous plongeait dans un état de conscience inconnu auparavant où spiritualité, sensualité et volupté devenaient indissociables. Nous sentîmes peu à peu un désir inavouable s'emparer de nos corps, l'envie subite d'accomplir l'acte de chair là, à même le sol, pulsion incongrue voire sacrilège en un tel lieu. Mais c'est alors que j'agrippais la jambe d'Elise qu'une cloche se mit à sonner de plus en plus fort jusqu'à nous crever les tympans... J'ouvris un oeil, puis l'autre...
Je me retrouvai dans mon lit... La cloche n'était autre que la sonnerie du réveil et j'allais être en retard au boulot... Mon Dieu !
(Marc)