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Tu as détourné la cascade de ma chevelure. Elle ricoche en vagues cuivrées sur mon épaule tandis que tes doigts jouent avec l’écume duveteuse de ma nuque.
Voici que tes lèvres glissent sournoisement dans le cou jusqu’à cette zone ingénue, juste là : sous le lobe de mon oreille. Ce point à l'invisibilité diabolique, ta bouche de sourcier l’a trouvé un jour, un peu par hasard.
Ce n'est que plus tard que tu m’as confessé combien cette découverte t’avait d’abord déconcerté pour te ravir ensuite: comment le simple contact de ta bouche en cet endroit improbable pouvait il me plonger dans un tel état de transe ?
Depuis, tu en profites et parfois tu en abuses… Assez traîtreusement d’ailleurs !
Tu sais combien je suis alors à ta merci : un seul effleurement et c’est le déclic .
Je ne suis plus que spasmes, feulements rauques et gémissements affolés.
Mais tu as appris combien il est dangereux d’agacer cette chair incontrôlable.
Alors, tu tempères, tu brodes tes baisers, tu distrais la provocation, tu flânes sur mes courbes puis tu t’égares sur mon corps tout entier en esquisses paysagées.
Ton langage épouse la douceur labiale de ce vagabondage faussement juvénile pour m’envelopper de mots tendres et fondants ; des mots un peu mièvres comme ces friandises trop sucrées qui engourdissent les papilles…
Peu à peu, je sens tes mains qui s’enfièvrent de curiosité aux anfractuosités de rencontre.
Alors, tu empaumes fermement mes hanches et tu incurves mes reins jusqu’à l’offrande provocante de mes fesses rebondies.
Et c’est comme un orage qui éclate violemment…
Des mots-éclairs zèbrent mon corps d’indécence et fouettent mon mental jusqu’à l’incandescence.
Ah… tu peux être fier, tu peux t’enorgueillir de ce mâle ascendant ainsi consacré : tu la possèdes bien ta rebelle !
Vois cette petite chienne en rut, cette petite salope qui se contorsionne, cette soumise ravie qui se délecte et en redemande…
Oui ; regarde là donc celle que tu investis sans vergogne,
Regarde la bien celle que tu baises à satiété : c’est moi !
Mon Dieu ! Quelle est donc cette jouissance abrupte qui me taraude le ventre?
De quelles profondeurs ressurgit elle, cette animalité primitive de louve hurlant à la nuit ?
Et comment vivre cet absolu d’abandon autrement qu’en se vautrant dans cette orgie de noir désir, en se roulant dans ces onomatopées de stupre et de sueur ?
Ces mots de contrebande, ces mots crus susurrés, ces invectives lâchées qui anéantissent les ultimes pudeurs ...
Oui, dits par toi , ces mots là ne me flétrissent pas et j’ose affirmer sans honte combien je les aime aussi !
Un peu plus tard,
Un peu plus hard,
A l'ombre fléchie de ces mots classés X nous naufragerons ensemble dans cette fureur échevelée
où Eros défie Thanatos…
( Elise)
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