SANS DESSUS......DESSOUS.......

 

Assise au bord du lit, elle feuilletait  l'éphéméride.
D'un large trait vengeur, elle biffa  la journée défunte : voilà six jours qu'un séminaire professionnel la retenait outre-Atlantique; loin de lui...
Six jours et la pleine mesure du manque : le cœur en exil et le corps écartelé de silence.
Chaque soir, elle lisait et relisait tous les mails qu'il lui envoyait de sa planète, se nourrissant de ces ersatz de bonheur avant de sombrer, vaincue par un détonnant mélange de réconfort et de frustration.

Demain signait le retour : son cœur s'affolait à cette seule perspective et sa chair, naissante au désir novice, tremblait déjà en imaginant « Ses » mains la dénudant...
Alanguie dans l'apesanteur d'un bain moussant, elle réinventait leurs retrouvailles.
Yeux clos, elle se repassait en boucle la séquence d' « Un Homme et une Femme » lorsque, sur cette plage de Deauville, les protagonistes courent l'un vers l'autre au ralenti : infiniment, inexorablement ...
Elle s'endormit tard, bercée par la douce ivresse des «  Chabadabada ».

L 'esprit en avance sur les fuseaux horaires, elle attendait l'annonce de son vol en songeant aux vertus de la séparation qui efface toutes ces pudeurs imbéciles de la proximité et délivre le coeur engrossé  jusqu'à hurler l'envie barbare ...
Alors, elle lui envoya le SMS suivant : « Ne viens pas m'attendre.
Rendez-vous au .... Face à l'aérogare.Viens ...vite ! »

 
La chambre d'hôtel ressemblait à toutes les chambres de la chaîne et pourtant celle-ci était singulière, comme inventée pour célébrer leur réunion.
Elle prit une douche fraîche puis elle se maquilla, se parfuma et s'habilla avec le plus grand soin.
Après toutes ces heures arides tendues au cordeau de l'attente, désormais ; un temps autre l'obsédait.
Elle épiait le bruit assourdi de l'ascenseur stoppant à l'étage et chaque fois, son cœur bondissait comme un cabri puis, déçue par la fausse alerte, elle reprenait sa ronde fiévreuse.
« Il ne va pas tarder, il est en route, il arrive ...»
Elle ressassait cette phrase comme une incantation capable de convoquer l'immédiateté, le tangible, la présence, la forme, le relief et la vie entière dans son opulence.
N'y tenant plus, elle se précipita vers le couloir, glissa un œil furtif dans la perspective moquettée avant d'accrocher sur la  porte le panneau «  Ne pas déranger » en prenant soin de déverrouiller la porte.
La tête lui tournait, ses jambes flageolaient ; elle ne pensait même plus.
Elle s'allongea sur le lit : déjà promise, déjà offerte...

 
Une bouche tiède bâillonnait la sienne : elle lapa sur ses lèvres un rayon de soleil, se décalqua sur son odeur,   jusqu'à se dissoudre et renaître par lui...
Ils se retrouvaient enfin : ni tout à fait les mêmes, ni foncièrement différents de ce qu'ils étaient « Avant »
Les mots étaient inutiles: leurs souffles fusionnés, leurs cœurs à l'unisson et leurs gestes prodigues en disaient bien plus long ...

Et dans cette chambre improbable aux allures de rendez-vous clandestin, ils s'aimèrent en absolu : dans la surprise captive des premiers frissons, dans le trouble des apprivoisements ;  jusqu'au bout de la nuit et des abandons irrévocables...

 ( Elise)

Lun 2 jun 2008 12 commentaires
La joie des retrouvailes après une séparation magnifiquement mis en mot par Elise bravo à toi :)
Emma - le 02/06/2008 à 06h45
cette faculté de lire dans le coeur et l'âme que tu as m'immpressionne toujours plus. Avec toi, on ne lie pas, on vit, on expérimente, on ressent, on EST.
 Baisers doux.
nowang - le 02/06/2008 à 09h23
C'est tout à fait délicieux et savamment orchestré, on s'y croirait et on aimerait être à sa place en ce moment là. Bises libertines.
Valmont - le 02/06/2008 à 10h03
Nous connaissons bien cette délicieuse et à la fois insupportable attente, où les veines sembles irriguées de lave en fusion, où chaque parcelle du corps n'est dirigée que vers l'instant fugace de la retrouvaille.

Porte entrouverte, sens aux aguets, chaque bruit dans le couloir a des échos de grondements de tonnerre, tant l'oreille est attentive.
Enfin, un glissement, imperceptible, furtif, sur la moquette épaisse, les rideaux tirés sur une pénombre complice, et le coeur qui s'emballe, déjà prêt à alimenter la fusion des deux corps...

Baisers complices à tous deux.
Sultan - le 02/06/2008 à 10h38
bog trés syumpas bravos bisous libertin
nousdeux69 - le 02/06/2008 à 11h51
Voici un tres beau recit ecrit d'une experte...cela donne envie d'aller a l'hotel et voir ce  qui ce cache derriere les portes...
bisous doux

Depuis vendredi je ne peut aller sur l'administration de mon blog , alors si quelqu'un peu m'aider c'est pas de refus (j'ai signalee a over blog mais pas de reponse pufff)
emmanuelle - le 02/06/2008 à 22h34
Dans l'impossibilité d'accéder à mn administrration OB pour cause de gros bug je serai dans l'impossibilité de poster pour un moment. Pourriez vous relayer cette info qui touche nombreux bloggeurs afin que des personnes se rendent sur le forum d'OB pour nous soutenir car nous ne pouvons non plus pas y accéder. Je compte sur la solidarité entre bloggeurs.
Emma et tous les autres ( passion lingerie, Choupa, Angie et bien d'autres encore...)
Emma - le 03/06/2008 à 07h17
Sublime... Tu nous aspires jusqu'entre tes lignes, j'ai même ressenti la moquette sous tes pieds nus, le bruit d'un charriot dans le couloir, le téléphone deux chambres plus loin. Puis finalement le monde autour qui disparaît dans la passion de l'étreinte. Trop bien !!!

Un baiser
Ile - le 03/06/2008 à 09h06
suite de l'article en ligne   act 1
bisous doux a vs deux
chaudeetcaline - le 03/06/2008 à 18h45
Douce ivresse communicative, je reste en émoi, en attente, suspendue à mon désir...Doux baisers chère Elise.
Volcane - le 03/06/2008 à 22h47