SANS DESSUS......DESSOUS.......

 Notre promenade écourtée par l'air glacial et le vent cinglant, nous retrouvons la vieille maison de campagne blottie entre les vignes.

Transis et les joues rougies comme des pommes d'api, nous en franchissons le seuil, heureux de retrouver toutes ces vies inscrites dans la mémoire de la pierre.


Le feu virevolte dans la cheminée en dessinant sur les murs d'étranges ombres ondoyantes.

En toute hâte, nous réchauffons nos mains devant l'âtre et peu à peu gagnés

par sa chaleur, nous nous dénudons jusqu'à n'être plus que deux silhouettes ténébreuses se découpant dans l'échancrure de braise.

Tu m'enlaces alors si étroitement que ton parfum se décalque sur ma peau comme un sortilège.

Puis, relâchant ton étreinte, tu fais lentement glisser sur mes yeux le bandeau rouge qui retient ma chevelure.

  


 Ignorante de l'inflexion que tu vas donner à ton geste, analphabète de son ellipse, aveugle de sa trajectoire, je lape l'instant tendu au cordeau de l'attente.

Sous la pulpe de tes doigts qui me feuillettent, je relis en braille chaque page de ce corps en partance : encore mien et déjà autre...


Mes jambes fléchissent, mon ventre se creuse, mes reins se cambrent et mes cuisses s'écartent inexorablement sous la palpitation écarlate de ce désir qui m'entaille ; là où je suis deux.


L'espace se contracte et le temps bouleversé s'ajuste aux variations énigmatiques de ton désir.

A tâtons je te cherche et mes gestes maladroits ne happent que le vide.

Et toi : tu joues à me faire  languir, tu m'assoiffes, tu m'embrases à distance.

Je te sens rôder à l'orée de mon corps fourbu que tu apaises par

une caresse dont la furtivité sème autant de plaisir que de frustration.

 

Tes lèvres viennent enfin me délivrer et nous chavirons dans le

gémissement des escarbilles qui fusent.

 

Et sur mes yeux, le bandeau rouge de nos noces flamboyantes...


Lun 9 fév 2009 10 commentaires
Magnifiquement ecrit !!  c'est beau !!  bisous coquins 
miss - le 09/02/2009 à 06h28
Jolie plume, jolis mots, ça me rappelle un papier de Gicerilla, dernièrement, sur les repas faits dans le noir entre voyants et non voyants, là c'est la recherche du plaisir et de l'amour les yeux fermés... Bises soyeuses.
Valmont - le 09/02/2009 à 10h22

Encore un  bien joli texte écrit certainement pas à l'aveuglette!
Du velours ce bandeau, du velours...
Biz
Les Vertigiens

vertige - le 09/02/2009 à 17h55
Que j'aime la qualité descriptive de vos textes, vos mots sont palpables et palpitent au creu des reins, ils laissent l'empreinte indélébile de leur sensualité et on peut tantôt les boire, tantôt en humer le parfum.
 Merci, c'est bien au delà du simple érotisme, c'est beau.
 Baisers.
nowang - le 09/02/2009 à 18h36
C'est fou comme un simple petit morceau d'étoffe peut faire naître les plus grandes émotions ! Le texte est superbement écrit et donne envie de rejouer à colin maillard plus souvent.
Bisous
Les Plumedanges
Plumedange - le 09/02/2009 à 20h18
Encore un très beau texte qui m'a beaucoup touchée. Je m'étonne toujours du peu de réactions de vos visiteurs mais c'est qu'ils doivent, un peu comme moi, être intimidés par vos écrits. Je ne vois que ça.

Biz,

A.
Ambroisie - le 09/02/2009 à 20h37
"nous chavirons dans le tourment des escarbilles qui fusent"

tout est dit : Elise , quelle sublime mère au foyer !
coralie gathor - le 09/02/2009 à 22h14
Tres joli texte pour cette superbe photo
Bisous
D & M
Del by Manu.B - le 10/02/2009 à 10h11
Quelle délicieux texte...à savourer lors d'une soirée d'hiver en bonne compagnie...sourire. Très belle photo d'Elise également. Baisers.
Volcane - le 10/02/2009 à 14h31
j'ai senti le froid me mordre les joues, j'ai entendu le crépitement du feu dans la cheminée et je vous ai perçu vous dans votre jeu amoureux, subtil et trés érotique.
baisers a vous
Armandie
armandie - le 11/02/2009 à 22h12