SANS DESSUS......DESSOUS.......

Pluie et bourrasques de vent contrarient toute velléité de sortie mais je connais un remède souverain pour oublier cette météo boudeuse : un bon petit repas à base de recettes simples et savoureuses. Bientôt, la cuisine bouillonne dans un bouquet de noix muscade, thym, laurier, cannelle et vanille : autant d’odeurs processionnaires que de péchés gourmands. Tandis que je m’affaire, tu dresses la table et sers un splendide vin de garde dont la robe rubis est déjà une invitation au voyage…
Une, deux, trois, quatre sonneries stridentes viennent disloquer l’harmonie de ce microclimat.
Tu me lances un regard agacé ; je t’interpelle d’un sourcil interrogatif : à l’évidence l’un de nous a oublié de brancher le répondeur !
- « Vas-y » me souffles-tu sur un ton de reproche.
J’essuie à la hâte mes mains sur le tablier et cours vers l’objet du délit.

Dès le premier « allô » je reconnais le timbre grave de cette voix surgie d’un lointain passé : un amant de jeunesse, devenu cet ami intermittent qui m’appelle parfois et, au prétexte de prendre de mes nouvelles, en profite pour me raconter avec moult détails pimentés ses frasques amoureuses…

Plaisante dans les premières minutes, la conversation tourne vite au monologue.  

A l’autre bout du fil, mon interlocuteur, tout excité, poursuit son récit…Distraitement, je ponctue cette logorrhée de  « Mmmoui » flasques et inarticulés. Le temps bâille et s’effiloche…
Tu m’as rejointe et tu pointes un menton curieux du style : « Qui est-ce ? »
A peine t’ai-je soufflé l’identité du trublion que ton regard s’assombrit et ton poignet qui mouline l’air me signifie d’abréger la conversation. Je réprime à grand peine un fou rire et me toque soudain de l’envie perverse de prolonger la liaison téléphonique.
Je n’ai pas soupçonné un seul instant la manœuvre : Voilà que tu t’invites sans ambages dans mon dos et que tu commences à dénouer lentement la ceinture de mon tablier.Puis, dans une caresse électrisée, tes doigts escaladent mes jambes gainées de nylon.
- « Allô …Allô ! Tu m’écoutes ? »

- « Oui … Oui » dis-je au prix d’un gros effort pour me recentrer sur cette voix dont la présence devient quelque peu aléatoire…
Tu as glissé une main intrigante sous ma jupe de stretch moulant et par de lestes mouvements ondulatoires tu tentes une percée dans le défilé de l’entrecuisse.
Je m’arque en pestant contre cette jupe qui m’empêche de m’ouvrir à toi.

- « Tu es toujours là, dis ? »
-  « Mmmoui    …. Bien sûr !»
Toute mon attention se focalise alors sur l’ambiguïté de la situation qui entrelace cette voix de l’ombre aux sensations épidermiques ; détonnant cocktail où le virtuel s’agglomère au réel…
L’instant devient critique lorsque ton index écarte en force l’entrejambes de mon slip et s’engage, allègre et fouisseur dans le fossé détrempé de ma fente.
Tandis que ma main gauche s’agrippe au combiné téléphonique, ma main droite tente nerveusement de remonter, à grands assauts de déhanchements, la jupe récalcitrante.
Je parviens enfin à me libérer de cette gangue et, la taille ceinte d’un bourrelet de tissu, je bascule mon bassin  pour mieux t’offrir ma croupe provocante. Je crois bien que j’ai gémi.  - «  Allô…je t’entends mal… Tu as l’air bizarre ... »
Pour seule réponse, un fatras insensé de sons signe ma présence en dérive…

La tête me tourne, mon cœur bat la chamade et mon sexe à l’unisson palpite d’un désir   rouge luisant.
Tu musardes sur mon corps qui t’appelle, te hèle, te sollicite et t’exige dans cet empire des sens dont tu es le promoteur.
Et toi, tu joues à me faire languir en promenant une langue pointue sur ma peau exaspérée.

Mon corps chancelle. Je lâche le combiné qui retombe sur le guéridon avec un bruit mat.

Reins cambrés, mes mains dans mon dos se hâtent à ta rencontre.
Impact sur la braguette de ton pantalon, ricochet de mes doigts sur ton sexe durci.
J’ai une envie folle de toi : absolue, urgente, indécente.

Un éclair de conscience me souffle de raccrocher le téléphone mais je n’en fais rien.

Un cri de plaisir, primal et animal jaillit de ma gorge lorsque tu t’enfonces en moi avec une lenteur calculée qui me cloue au bord du gouffre jouissif.
J’essaie de t’agripper pour que tu restes ainsi, enfoui au plus profond. D’autorité, tu écartes mes mains et tu te retires afin que j’éprouve encore plus par le vide, ce manque de toi.
Vigie de mon plaisir supplicié, ton sexe érigé à l’orée de mon sillon me fait crier cette faim de toi qui me brûle tout entière.
Dans une anarchie lubrique de femelle en rut, je te supplie : « Vite, débauche moi, prends-moi, baise moi, empale moi, éreinte moi, remplis moi. »
Alors, tu m’empales si fort que la tigresse que tu déchaînes en moi hurle tous ces mots obscènes que ton tison m’arrache au ventre.

Tu m’as offert un orgasme tellurique…
Je refais surface et aperçois le combiné gisant sur le flanc. Instinctivement, j’en porte l’écouteur à mon oreille.
A l’autre bout du fil, une respiration forte et convulsive…
puis un silence lourd suivi d’un déclic sec.

« Il » vient de raccrocher et toi,
Tu me regardes avec un drôle de sourire …

  Elise 
Mer 28 jun 2006 11 commentaires
Savoureux, excellentissime !!
Elise s'il te plait, je boirais bien un verre de Bordeaux .........
Paco
Paco - le 28/06/2006 à 11h41
magnifique ce blog esthetique, sensuel, jamais vulgaire un vrai bonheur pour les yeux  et pour les sens
finwi - le 28/06/2006 à 11h50

Bonjour les amours,


Quel repas délicieux ! Je reprendrai bien un verre de vin :) Pas de l'irouléguy pitié ;)


Elise tu as un don, d'écriture on s'y  croirait et Marc a aussi un don de te faire tout oublier ;)


Baisers tendres au goût de reviens y, à vous deux.


Ninou (k)(l)

Ninou - le 28/06/2006 à 14h52

Elise, tu es une narratrice hors paire.Je m'y suis cru aussi


bises

sandokan - le 29/06/2006 à 07h33

J'espére simplement que cette histoire est vraie, car je la trouve trés savoureuse et tres sensuelle.


Et aprés ca je boirai bien un bon verre de bordeaux haut bailly 1982, année exceptionelle...


Encore bravo Elise pour ta narration et toi Marc pour ton a-propos.


Lui

lui - le 29/06/2006 à 10h56
Arthur - le 29/06/2006 à 15h57
Un joli conte érotique mettant en scène une sensuelle comtesse. C'est très chouette les amours. Tant que je vous ai au bout du fil... virtuel, je dois avouer qu'il me vient une grande envie de converser via une webcam. Quand je serai au point, je vous ferai signe.
Bisous les tourtereaux.
Adrien
adrien - le 29/06/2006 à 19h18

Il t'a rappelé depuis?


Quelques souvenirs...

M&A - le 30/06/2006 à 00h21
elise,elise...je vais attendre impatiament que le telephone sonne...peut ètre que ça sera toi au bout du fil et que les roles seront inversés......
bisous
gilles
gilles - le 30/06/2006 à 07h50

coucou,


je devrais vraiment eviter de vous lire le matin...chaleur,chaleur,longue sera ma journée,mais qu'el plaisir de vous lire..........


D

vertige - le 30/06/2006 à 09h02