SANS DESSUS......DESSOUS.......

A quatre mains

                                                                        ( photo  non contractuelle )

 

Le hasard, nos pas d'errance, une certaine légèreté nonchalante et une nuit d'été corsetée de chaleur...

 

Au fronton d'un club libertin, une enseigne convie le noctambule aux jeux multiples des plaisirs tactiles.

La curiosité l'emportant, nous en franchissons le seuil sans a priori ni but particulier en tête.

Comme à l'ordinaire, une musique assourdissante sature l'espace, coupant court à toute velléité de conversation.

 

Sur la piste, des couples bougent sur le rythme syncopé tandis que d'autres, tétanisés par cette surenchère de décibels restent accoudés au bar ou assis sur les banquettes de moleskine.

Juchés sur des tabourets, nous sirotons quelque boisson fraîche en regardant ce couple qui, derrière les barreaux d'une cage, entame une chorégraphie prisonnière . Leurs gestes asynchrones esquissent une promenade épidermique..

 

Ta main abaisse les bretelles de ma robe blanche qui glisse lentement jusqu'à la taille en découvrant mon buste. Tes doigts nomades effleurent mes seins, dessinent dans mon dos des méandres erratiques qui se perdent dans la cambrure de mes reins...

Devenue sourde au bruit, aveugle aux éclairs stroboscopiques, je ne suis plus que frissons et émois lorsque tu prends ma main pour me conduire vers l'une de ces alcôves dédiées aux plaisirs charnels.

Des couples y prêtent leurs corps à la dérobée, à la va-vite sous les regards convergents d'une majorité d'hommes solitaires fascinés par ces amours aussi fugaces que parcellaires.

 

Tu m'entraînes à l'écart et t'adosses à l'une des cloisons de séparation, sorte de claustra qui découpe nos silhouettes à claire voie.

Nous ne sommes plus que deux ombres fondues où dansent par intermittences des ocelles lumineux.

Nos lèvres se cherchent, nos bouches se conjuguent et nos corps s'épousent à travers la frêle membrane du tissu..

 

A peine as-tu entamé sur mes seins et mon ventre l'esquisse amoureuse du désir que je ressens simultanément dans mon cou l'ombre d'autres caresses et la chaleur douce d'autres lèvres...

C'est un peu comme un rêve qui s'éveille sur tout mon corps... Je tourne légèrement la tête et entrevois un visage masculin aux traits encore juvéniles...

Troublée, je referme les yeux sur cet émoi creusé dans l'interstice équivoque des partages.

Et mon corps frémit et ploie sous les effleurements conjugués de ces quatre mains qui me sculptent au relief de vos désirs mâles...

 

Ces mains que je sais appartenir à un autre mais dont la douceur ressemble tant à ton toucher que c'est comme un autre toi démultiplié auquel ma peau répond en écho.

Recréee, amplifiée par ce jeu de mains harmonieux , je me laisse emporter par ce ballet sensuel jusqu'à l'oubli même du lieu...

Enchâssée entre vos deux ombres appuyées contre moi, capturée dans la parenthèse de vos

émois érigés, je m'apprends jusqu'à l'intime concave moulé à travers le tissu de ma robe.

Je ne suis plus que cette chair ivre et fiévreuse prête à s'offrir en nudité intégrale, prête à creuser dans cette alcôve le provisoire des ravissements et le flamboiement des extases partagées...

 

J'ouvre les yeux et aperçois alors un véritable rempart de silhouettes masculines agglutinées derrière nous trois...

L'enchantement se désagrège dans l'instant même, le désir s'éteint aussitôt...

Alors que je me sentais encore plus femme quelques minutes auparavant, désormais je ne peux ni ne veux livrer mon anatomie en pâture à toutes ces mains sauvages et prédatrices.

 

Stop ! Dis je dans un souffle . L'inconnu suspend ses caresses et embrasse mes cheveux avec une tendresse résignée. Son baiser sur la joue en guise de merci m'émeut et je lui souris en retour.

Je serre plus fort ta main et nous brisons- non sans peine- le cercle des spectateurs .

 

Tu m'emportes dans la nuit et où nous  nous aimerons  tous deux à l'abri des regards.

 

Sur moi, la trace évanescente de ces caresses étrangement familières et le souvenir déliquescent de cet autre qui te ressemble....

 

( Elise )

 

Ven 27 aoû 2010 14 commentaires

De ton écriture ciselée et charnelle, surréaliste devrais-je dire, tu as su entrainer Elise le lecteur que je suis, les lectrices et lecteurs, dans ce que peut être la spirale du désir qui t'emportait - qui emporte, dans un puits d'envies comme Alice au Pays des Merveilles, une facette du monde libertin d'où on ne revient jamais indemne, joli texte érotique, bon WE et bisous à toi, amitiés à Marc.

Valmont - le 27/08/2010 à 14h18

un recit qui donne des frissons de plaisir tellement je le trouve realiste   bisous coquins

miss - le 27/08/2010 à 14h25

@ Miss : je ne peux que confirmer la réalité vécue de cette histoire là.

Hélas, le contexte du moment n'avait rien d'érotique pour nous, eu égard le surnombre d'hommes seuls à l'affût de la moindre  opportunité...

En ce sens, ce n'est pas ces derniers que j'accablerai mais la "politique" de cet établissement  qui doit ainsi raccoler les hommes esseulés en se servant des couples en guise d'appât  et d'alibi en même temps...

Baisers

Elise

 


Elise et Marc - le 27/08/2010 à 17h55

effectivement, ce n'est que commercial .meme si nous allons rarament dans ces clubs, nous preferons les soirées entre couples uniquement . Bon week end a vous  bisous coquins

miss - le 28/08/2010 à 06h08

Bonjour, nous sommes un couple et souhaiterions vous rencontrer par cam pour se dévoiler mutuellement érotiquement...n'hesitez pas à nous laissez un message!

Kely et max - le 28/08/2010 à 21h17

C'est excellent, c'est ahurissant de vraisemblance, de sensualité et finalement d'amertume.

Cette situation est un résumé hallucinant de ce que représente le mélangisme et / ou l'échangisme dans tout son trouble et toute sa fragilité. La magie qui envahit irrésistiblement et peut se rompre à tout instant. Encore une fois, ce texte pourrait servir d'éducation sexuelle à bien des couples tentés par le libertinage. Ce qui est sûr, c'est que je ne peux que saluer la discrétion de ce complice qui laisse échapper l'objet de son désir au moment où celui-ci est sans doute à son paroxysme, par respect pour ce corps inconnu qu'il a le tact de considérer - lui - comme une personne et non une chair anonyme.

La complicité de Marc qui devait être dans le même état et réagit à la seconde à ton injonction est bien sûr à saluer aussi chapeau bas.

Misty... Cette interprétation clinquante et un brin racoleuse de cet immortel standard est particulièrement bien choisie. Derrière la musique assez sirupeuse qui emplit l'espace sonore, se cache la brume du désir, qui dévoile et dissimule le troublant inconnu, mais peut se déchirer en une seconde.

Une magnifique leçon de vie, d'amour et de raison. Avec un goût d'inachevé, mais c'est justement ça, la vie : ce n'est pas l'extase totale à chaque fois. Bravo de nous confier ainsi votre amour jusque dans ses manques, c'est ce qui le rend si vrai et attachant.

Pomelo - le 29/08/2010 à 10h31

super blog bien ecrit et pas du tout vulgaire

francoise - le 29/08/2010 à 18h21

Bonjour Elise, à toi Marc aussi,

Devant telle musique suave, douce, tendre qui appelle à tous les sentiments, je ne sais malheureusement que dire devant la beauté de ton texte troublant et sensuel... Ces moments qui se devraient être basés sur l'échange, le vrai, le pur et qui malheureusement avorte face à certains comportements. Je ne puis parler de cet univers, ne le connaissant point mais je l'imagine et ta transcription n'est que l'écho de ce que je pense et me fait fuir, sans doute! Alors pauvreté de certains, dans des lieux où les rencontres se devraient, même si éphémètres être belles, douces et sincères... Sans doute!

Je ne sais, mais ton texte si bien rédigé décrit en fait, les deux faces de la nature humaine... L'une belle et humaine, l'autre sans doute uniquement animalière. Je sais, en nous, ces deux facettes sont présentes, mais l'art et la manière, que diable... C'est cela aussi la courtoisie et le respect de l'autre!

Le commentaire de POMELO et ta réponse à MISS, m'interrogent énormément et je sais pourquoi j'ai du mal à franchir les portes de tels établissements... La non-envie de me retrouver la queue bandante, en une file d'attente, où voyeurisme est la seule issue... L'amour est un don, un abandon, c'est du moins, moi ma version telle que je la conçois... Un partage basé sur des affinités, qu'elles soient simplement physiques ou plus!

Alors oui, ce partage mérite plus qu'un simple coin câlin aux lumières tamisées, dans un lieu soi-disant adéquat, prévu logiquement pour de beaux échanges...

Merci pour le "cadeau" Elise... Je t'en remercie sincérement!

A vous deux, vous souhaitant le meilleur, toutes mes pensées... MICHEL

MICHEL - le 31/08/2010 à 11h39

J'aime....

casualito - le 31/08/2010 à 17h00

Sauvage et beau, et tellement tendre et ...presque triste finalement. Nous avons connu parfois les mêmes déboires, dans ces clubs où le profit prend le pas sur l'esprit de la chose. Alors, on quitte la branche, non sans regret de la volupté perdue d'un instant qui s'annoçait magique, et on se réfugie dans la douceur de son alcôve, ou peut-être l'obscurité d'une porte cochère.

 Louons les établissements qui ne perdent pas de vue que le libertinage est avant tout une histoire de rapports humains et que la quantité ne fera jamais bon ménage avec la qualité....ou alors il s'agit de tout autre chose.

 J'ai aimé la volupté avec laquelle tu as décrit la naissance de ce contact fugasse, presque fusionnel entre trois êtres qui, pour un instant se comprennent.

 Baisés doux à toi, je t'en dis plus long dans l'intimité de mon chez moi.

nowang - le 31/08/2010 à 18h04