SANS DESSUS......DESSOUS.......

Caresses 1

 

EVEIL DES SENS

 

 Mon onzième anniversaire accompagnait ce corps d’entre-deux, ce corps  transitoire s’éloignant des rives de l’enfance pour en rejoindre d’autres.

 

Aucune femme ne  peut oublier l’étrange fascination devant la métamorphose qui s’opère alors : la poitrine qui s’affirme et aimante déjà les regards obliques, la taille affinée dans la nacelle arrondie des hanches, les reins qui s’incurvent- creuset préparé à recevoir de futures caresses-

et surtout, surtout, cet insolite triangle ombreux:  le plus grand des mystères à décrypter…

 

Sans prévenir, un matin au lever, le pantalon du pyjama aux nounours roses se retrouve maculé par un bizarre suintement rougeâtre qui vous effare avant que Maman alertée ne prononce la phrase hermétique :

« Te voilà femme maintenant ! »

 

Ah, c’était donc çà ?

Sans le vouloir, sans le savoir, j’avais réussi je ne sais quelle épreuve initiatique…

Désormais, j’entrai dans ce cénacle du ‘’clan des femmes ‘’ !

J’en retirai  autant de crainte que de fierté sans véritablement comprendre le sens de cette appellation contrôlée.

C’était quoi une femme ?  : Un puzzle sophistiqué, une énigme sanglante ou bien ce paradoxe conjuguant pouvoir et servitude …

 

Et je suis restée ainsi, prisonnière du surgissement de cette source qui, chaque mois, m’ancrait un peu plus dans cette féminité toute neuve …

Bien qu’ignorante de ses rôle et finalité, j’avais grande hâte de déchiffrer cette mécanique des fluides qui me titillait d’envies soudaines…

 

Ainsi, un soir d’hiver, au couvert tiède du lit, mes doigts noctambules entamèrent leur maraude sur cette peau de mue, écoutant le moindre frémissement de cette chair où germaient de merveilleuses sensations.

 

Une chaleur inédite irradiait mon bas-ventre.

En réponse à cet appel muet, mes doigts filèrent sur ces chemins clandestins éloignés du visible – pour ne pas dire du ‘’montrable ‘’ tout court.

Mes mains coulèrent doucement vers le delta embrasé, craignant de voir cette volupté novice se volatiliser aussi soudainement qu’elle avait surgi.

 

Je me souviens du renflement aguichant du mont de Vénus et de

la réceptivité palpitante de ce pubis s’apprivoisant au toucher.

 

Intuitivement, compulsivement, mes doigts voulurent cueillir la nacre encapuchonnée bourgeonnant dans la fleur de corail.

L’attouchement fût trop direct et la sensation si fulgurante qu’elle en fût

presque douloureuse. 

D’instinct je compris qu’il me fallait apprivoiser le plaisir.

Je n’avais qu’à écouter son bruissement et à le courtiser pour qu’il devienne clameur. 

 

Peu à peu, mes doigts défroissèrent le sourire caché sous les replis charnus avant de glisser sur ces petites sentes parallèles et humides qui en relient de haut en bas les fines commissures. Et c’était comme un fourmillement invasif réconciliant ces lèvres dans une jubilation complice.

 

Dieu que c’était bon, singulièrement, incroyablement, fabuleusement bon qu’il n’est pas de mots pour décrire l’incendie ravageur.

 

Les joues cuisantes et le souffle court, j’éprouvai le besoin d’exalter cette flambée jusqu’à l’embrasement absolu.

Inexorablement, de frottements en échauffements, de baptêmes en consécrations tactiles, mon majeur se remit à flirter avec le petit bouton devenu turgescent.

Ronde grisante, valse lente dont les tempos font tourner la tête et ondoyer le ventre.

Et puis soudain, cet orage  impétueux lorsque le corps tout entier convulse dans l’extase flamboyante…

 

Femme …

Je venais d’inscrire en solitude et au secret de l’intime le sens de ce mot. 

 

Cette apothéose là, je l’ai réitérée, enjolivée, enrichie et polie comme un joyau précieux durant quelques années afin de mieux apprendre, comprendre et aimer cette féminité en vase clos…

 

  ( Elise )

 

 

Lun 29 nov 2010 10 commentaires

Merci Elise, j'ai eu l'impression de revivre mes premieres années d'emois ....  Bisous a vous deux

Marie - le 29/11/2010 à 06h01

Tu disais que tu voulais apprivoiser les mots, choisir les plus fidèles à ces premiers émois : réussite sur toute la ligne !

 

A quelques jours de la Journée de la Jupe, on rêverait que ce texte soit publié par Ni Putes Ni Soumises et distribué aux jeunes filles. "Etrange paradoxe de pouvoir et de servitude" : quelle terriblement précise définition sociale !

 

La force magique de ce texte est qu'il prend racine dans les changements de la puberté qui effraient autant qu'ils fascinent. On oublie si vite cela pour se concentrer sur la première découverte du plaisir... Toi tu n'éludes aucune étape, mille bravos et mercis Elise.

Pomelo - le 29/11/2010 à 06h29

Et apparemment tu as réussi Elise, non seulement en maîtrisant adulte le pouvoir et la servitude ravageuse des femmes, mais pour en parler aussi bien, aussi poétiquement, avec autant d'intensité, tu as su dompté ce mystère charnel pour mieux le rallier à ta cause, car je suis qu'aujourd'hui, et depuis longtemps, tu sais non seulement faire chanter la meilleure musique de l'endroit, mais aussi faire vibrer des clameurs chez les "autres"... Bonne journée, baisers à toi, amitiés à Marc.

Valmont - le 29/11/2010 à 08h06

une description précise, délicate sur la naissance du plaisir!!!mieux qu'un manuel, un témoignage, que beaucoup pourraient ou devraient lire....

je t'embrasse

peter

peter pan - le 29/11/2010 à 10h37

J'admire....

Je vous relis......

Ce ne fut pas semblable, chez moi.... Mais si ressemblant... Ce qu'il m'advenait alors, ce que je ne comprenais pas..... Ce qui, peut-être, je ne sais plus (ou je refuse de savoir?) s'imposait à moi.....

Je vous embrasse.

Lilly - le 29/11/2010 à 14h53

Merveilleuse découverte que ce premier embrasement tellement bien décrit, sans oublier ce vocabulaire si riche que tu manies avec délicatesse et brio ...

Je me souviens aussi de cette première fois, somme toute assez semblable quand on a aucune "vraie" idée de ce qui va se passer. Les premières sensations de plaisir, la vigueur à son apogée, puis l'arrivée de la déferlante et cette subtile brûlure de la jouissance qui nous consume. Les spasmes qui s'en suivent, et pour finir les traces lactées de cette stupéfiante expérience ...

Philo - le 29/11/2010 à 22h21

Femme a aimer, a chérir...

Titia - le 30/11/2010 à 23h48

J'ai oublié de préciser que j'aimais beaucoup la photo également ... ;)

Baisers en flocons légers...

Philo - le 01/12/2010 à 18h55

Elise...

Je suis revenue sur ce texte.

Troublant... Si beau et si joliment écrit.

Tu fais de tes mots une histoire merveilleuse qui nous rapproche toutes , nous: les femmes.

 

Des bizous, là....

Titia - le 06/12/2010 à 10h27

Très beau texte, si sensuel. Ton souvenir de la découverte du plaisir de ton corps a l'air vif, le mien me semble plus brumeux et par épisodes, une découverte en étapes, je ne sais pas si je saurais l'écrire aussi précisément. Merci de donner envie de le faire ressurgir !

Ambre - le 19/12/2010 à 00h15