SANS DESSUS......DESSOUS.......
Dès la venue des beaux jours et lors de la pause déjeuner, elle allait à la rencontre du printemps.
Elle s’asseyait toujours sur le même banc dont l’emplacement idéal offrait des découpes de lumière et d’ombre selon la course du soleil.
« Aimez-vous Brahms ? »
Elle sursauta : une voix inconnue caressait son épaule et coulait jusque dans sa nuque.
Instantanément, elle referma le livre … C’était bien du Sagan qu’elle lisait… mais pas ce roman là.
Elle se retourna, jeta un regard agacé au trublion qui se tenait debout dans son dos. Il n’était pas vraiment son genre d’homme mais sa prestance était telle, ses mains si racées et sa voix terriblement grave et suave à la fois qu’elle en fut déraisonnablement émue.
« Vous permettez ? »
Sans attendre un quelconque acquiescement, l’homme s’assit auprès d’elle, un bras nonchalamment posé sur le dosseret du banc puis il se pencha avec un naturel désarmant vers l’ouvrage qu’elle tenait.
« J’aimerais tant écouter votre voix … Voulez-vous me faire partager votre lecture ; juste quelques pages … »
Le souffle court, elle reprit sa lecture d’une petite voix trébuchante.
Imperceptiblement, l’inconnu se rapprochait.
« Poursuivez… poursuivez… » Susurra-t-il à son oreille.
Elle oscillait entre l’envie de l’éconduire et le désir trouble de se mettre en danger.
« J’adore votre voix, elle est aussi veloutée que votre peau » affirma l’inconnu dans un souffle tandis qu’il posait délicatement sa main sur son genou droit. D’instinct, elle croisa les jambes dans le chuchotement soyeux de ses bas.
« De quoi avez-vous donc peur ? » dit-il dans un sourire narquois.
Dans ce parc fort fréquenté à cette heure, elle ne se sentait pas vraiment en péril…
Pour toute réponse, elle releva la tête, tourna son visage vers l’homme et lui sourit doucement avant de reprendre sa lecture…
Excité par cette attitude, l’inconnu reposa sa main sur le genou et s’enhardit, remontant furtivement sur la cuisse, au couvert de la jupe.
Elle ne broncha pas, décroisa les jambes avant de les ouvrir très légèrement.
Elle se sentait soudain l’âme joueuse…
« Elle se leva aussitôt et disparut vers l’office. Et lui qui n’avait qu’une vague idée de lui-même, de sa nature comme de son avenir, eut la sensation, soudain, d’être l’objet d’un destin inexorable, sensation aussi baroque qu’évidente et que lui confirma la voix de Béatrice, revenue dans la chambre avec deux verres. * »
« Alors… cela vous plaît-il ? » lui demanda –t-elle, s’amusant en secret de l’ambiguïté de la question.
« Heu… oui, beaucoup, vraiment beaucoup ! » répondit le Don Juan tandis que ses doigts poursuivaient l’impudique ascension.
« Voulez vous me donner encore plus de plaisir ? » susurra t-elle les lèvres humides et le regard brillant.
« Quelle question … Evidemment ! Je ne demande que cela »
« Merci ... Alors soyez assez aimable pour me relire ce passage » dit-elle en pointant son index sur une ligne.
« Et lui qui n’avait qu’une vague idée de lui-même, de sa nature comme de son avenir, eut la sensation, soudain, d’être l’objet d’un destin inexorable, »
A peine avait il achevé la lecture qu’elle referma le livre d’un coup sec en le fixant droit dans les yeux avant d'enlever d’un geste ferme la main baladeuse.
A la fois incrédule et dépité, l’homme la regardait…
« Mais…je croyais que… »
« Je n’aime pas Brahms ! »
L’instant d’après, elle n’était plus qu’une silhouette s’effaçant de sa vue dans un sillage de parfum.
Elise
* Extrait du roman ‘’Le lit défait ‘’ Françoise Sagan
Bonjour printanier.
Maintenant que je sais que tu écris parfois aussi des fictions, je m'interroge sur ce texte : témoignage ou fiction ?
Mais cela n'a pas grande importance, car la Vérité n'est pas la réalité, elle est dans la justesse des sentiments exprimés et des situations décrites, et ici c'est une réussite sur toute la ligne.
Excellent Elise, voila un sourire du matin qui fait du bien . Bisous a vous deux .
Marie
J'aime beaucoup la photo, cette impression de sérénité, s'asseoir près d'une femme ainsi, et laisser l'inconnu s'accomplir ou pas,
j'ai l'impression en souriant agréablement sur ce texte que le Monsieur n'a pas su faire parler l'adage : les femmes pardonnent à ceux qui brusquent les occasions, rarement à ceux qui les ratent... Parce que l'art et la manière, sourire... Le lit défait n'était pas pour lui cette fois là... Baisers à toi, amitiés à Marc.
Encore un superbe texte Elise sur un fond musical tout en douceur... Un bel hommage aussi à une très Grande Dame Françoise SAGAN et cette photo sublime qui donne envie de poser "ses fesses"... Non! Chasse gardée et je le comprends aisément! Le plaisir de passer ici entre photos, vidéos, esprit coquin et plaisantant, caustique parfois... Mais toujours recherché et plaisant!... Salut les Toulousains! Bonne journée à vous deux... Amitié et bises.
Un clin d'oeil à Valmont, dont le commentaire comme toujours est super bien léché!...
tout simplement jubilatoire, la problématique du pouvoir...on a que celui qu'on nous donne et le temps qu'on nous le laisse...temporalité des choses. J'aime, je continuerai à venir ici car le fil s'étire mais ne se romp point. baisers doux d'un simple au revoir, puisque j'emmène une partie avec moi. Merci, car il faut toujours dire merci aux gens qui vous ont fait évoluer ;)
un moment de littérature toujours aussi agréable à relire
baisers littéraires
peter
Mince ! Je pensais que cela allait devenir très chaud ...
J'aime beaucoup le " déraisonnablement émue " ... Tu sais combien j'adore les choses déraisonnables ! ;)
Très jolies jambes ... j'aurais apprécié de les voir se croiser et décroiser à l'envi ...
Baisers déraisonnables.
Dans un jardin public très fréquenté, il eût été périlleux de jouer les Sharon Stone... Nous renvoyons donc les cinéphiles demandeurs à l'article:"Le film du dimanche soir" publié précédemment et dont le tournage se fit en studio !
Tres joli blog bonne continuation
Nadiya
hummmmmmmmmmmmmm s est tres excitant de croiser et decroiser les jambes hummmmmmmmmmmmmm
bisouxxxxxxxxxxxxxx élise