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Photo issue du Net
Création d' Alain Grand / Artiste peintre
L’adresse correspondait à un immeuble de style Haussmannien. Elle leva la tête, subjuguée par la majestueuse façade où, entre les corniches en saillie, courait le serpentin volage des balcons .
D’un index tremblant elle composa la combinaison du digicode que son interlocuteur lui avait confiée par téléphone.
« Monsieur âgé et malvoyant recherche jeune femme pour lui faire la lecture »
L’annonce avait piqué au vif sa curiosité d’une manière inexplicable...
Alors qu’elle s’engouffrait dans l’ascenseur, elle jugea sa démarche si déraisonnable qu’elle faillit céder à l’envie de rebrousser chemin.
Elle tâta son sac à main , rassurée en sentant sous sa paume le renflement de la bombe lacrymogène, arme discrète dont elle ne séparait jamais... au cas où.
Elle appuya brièvement sur la sonnette dont le son aigrelet ébranla la somnolence douillette du palier.
Des pas rythmés par le martèlement sec d’une canne se rapprochaient inéluctablement puis
une clé tourna lourdement par deux fois dans la serrure.
Un peignoir de brocart surmonté d’une belle tête de vieillard au regard délavé et encadrée par une chevelure de neige nouée en catogan
apparut dans l’embrasure de la porte.
« Ah … enfin ! » dit la voix avec une autorité naturelle que le grand âge n’avait pas entamée.
« C’est par là » dit l’homme en pointant sa canne vers le fond faiblement éclairé de ce qui semblait être une somptueuse enfilade de pièces.
Elle le suivit à distance, aussi déconcertée par le personnage que par la pénombre qui régnait dans l’appartement…
Le vieil homme avançait avec cette lente conviction que confère la parfaite connaissance des lieux.
Parvenu à l'orée de cette trouée de lumière, il s’effaça et lui demanda de le précéder dans la pièce.
Haut de plafond et vaste, l'endroit tenait à la fois du bureau, de la bibliothèque, de la chambre mais aussi du boudoir par le raffinement des étoffes, la profusion de tapis, l'épaisseur des doubles rideaux et la ponctuation d'éclairages diffus savamment disposés au point de convertir cet espace en salon des plus intimes.
« Approchez… Plus près… Encore plus près vous dis-je ! »
Comme une enfant apeurée elle s’avança vers lui, jusqu’à portée de main.
« Que diable ! De quoi donc avez-vous peur ? » dit l’homme sur un ton mi-badin, mi-agaçé tandis que du pommeau de sa canne, il suivait les courbes de son corps dans un invisible sculpture en arabesques d’ombre et de silence.
Satisfait de son inspection, il laissa choir la canne sur le sol avant de s’emparer de son visage comme pour le modeler entre ses mains…
« Chut ! Ne dites rien et ne bougez pas … Je vous ai devinée ; maintenant laissez moi vous découvrir… »
Il lissait de ses doigts les paupières fermées de la jeune femme, suivait délicatement l’arête du nez, surlignait le bombé des pommettes, l’ourlet des oreilles, courtisait la rondeur du menton et s'assurait de la fragilité de ce cou de colombe.
« Bien, très bien ! » affirma t-il sur ton presque enjoué qui tranchait avec l'allure guindée de vieil aristocrate. Puis il lui intima l’ordre de se diriger vers la bibliothèque pour extraire de ses rayonnages le sixième livre à gauche situé sur la deuxième étagère.
En partant du bas précisa-t-il...
( A suivre...)
Elise
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Troublant… mais le style raffiné d'Elise nous entraîne toujours dans des voyages littéraires voluptueux à l'inconfort délicat.
Tu n'as pas le droit Elise.......de nous laisser ainsi et si longtemps dans l'expectative. Suspens, plaisir, attente, désir... on est au bord et toi, tu te caches, tu n'es plus là ? C'est tout simplement insupportable, Bravo!!! Bisous doux de Fred.
Très joli texte Elise, enfin je dis Elise, je crois reconnaître ton style, mon petit doigt me dit que les siens pourraient ne pas servir seulement à tourner les pages... A suivre donc... Bisous livresques à toi, amitiés à Marc.