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L'ESSAYAGE
Je ne le cherchais pas... C' est lui qui m'a interpellée.
Depuis combien de temps m'attendait il ? Depuis combien de temps téléguidait-il mes pas menant à cette boutique improbable, perdue dans un dédale de ruelles.
Seule, une mystérieuse nécessité pouvait expliquer la chose...
Instinctivement, j'ai tourné la tête dans sa direction et je l'ai vu: là , fascinant et terriblement persuasif.
J'ai poussé la porte avec cette hâte fiévreuse des rendez-vous clandestins.
Surgie de la pénombre, une voix rauque mais chaleureuse m'a accueillie et une silhouette toute de noir vêtue s'est avancée vers moi. C'était une femme dans la fleur de l'âge, au port de tête altier et au regard de sphinx.
Sans même m'interroger sur le but de ma visite , la femme s'est dirigée vers le corset exposé en vitrine puis, se tournant vers moi, m'a dit sans ambages : « Il n'attendait que vous ! »
Un sourire ambigu flottait sur ses lèvres lorsqu'elle s'est approchée de moi en me regardant droit dans les yeux. Déjà, elle plaquait le corset contre ma poitrine, enserrait ma taille entre ses mains en jaugeant d'un oeil gourmand le rendu futur du sous vêtement une fois ajusté.
Mal à l'aise, je restais stupidement figée tant j'étais subjuguée par l'expression de son visage oscillant entre connivence féminine et réjouissance lubrique...
«Enlevez votre robe ! » : le ton autoritaire de sa voix imposait une obéissance aussi servile que prompte. A la fois intimidée et aiguillonnée par la curiosité de me découvrir ainsi harnachée,j'ai fait glisser les bretelles de ma robe et dénudé ma poitrine.
''Plus bas .. Allez ... Plus bas encore. Descendez-là cette robe !''
Agacée par mon désarroi ,la vendeuse hâta l'effeuillage en tirant fermement sur le bas de ma robe qu'elle fit descendre jusque sur mes cheveilles.
La femme se tenait accroupie face à moi, si proche que sentais son souffle chaud sur mon pubis...
Par bonheur, mon string dessinait un petit coquillage pudique calqué surmon mont de Vénus...
Désormais, j'étais livrée aux mains de la femme: des mains dont l'expertise professionnelle le disputait à une sorte de cajolerie caressante bien plus dilettante !
Je m'efforçai de dissimuler le trouble qui me gagnait : mélange détonnant entre plaisir épidermique et curiosité intellectuelle de goûter à la subtilité du toucher féminin.
L'effort que je fis alors pour cacher ces divers émois contracta si douloureusement mes muscles que mon corps me sembla devenu esclave d'invisibles tentacules.
Je m'efforçai de ne plus songer qu'à ce corset dont je m'étais entichée au premier regard et laissai faire la vendeuse.
Celle-ci enlaça mon torse et ,d'un geste assuré, positionna le corset avant d'en entreprendre l’agrafage avec une minutie particulière :ses doigts s'égaraient dans le sillon mammaire, s'immisçaient dans un balconnet , effeurant avec une lenteur démoniaque la rondeur d'un sein , puis l'aréole jusqu'à provoquer la turgescence du mamelon tandis que son regard aguicheur sollicitait le mien avec effronterie.
D'étranges frissons se mirent à cascader sur tout mon corps tandis qu'un infime tremblement fléchissait mes jambes et me tournait la tête.
Satisfaite de l'effet induit par ses attouchements, la femme se releva brusquement et passa dans mon dos...
Suivant un protocole minutieux , elle se livra à une sorte de relevé topographique corporel presque millimétré.
Ses doigts voletaient, agiles, tout le long de mon échine: donnant tour à tour de l'aisance à l'entrelacs de la poitrine, tirant sur les lacets pour comprimer la taille, accentuant la cambrure, soulignant l'amphore des hanches dans un jeu pervers de capture du galbe.
Elle semblait prendre un malin plaisir à pétrir, contraindre et sculpter cette chair enfin domptée.
Fière de son oeuvre, la vendeuse m'enlaça la taille et me conduisit vers la psyché dont l'angle d'inclinaison savamment étudié reflétait en contre plongée ma silhouette épurée, gracile et dansante à la fois.
" Vous êtes divinement irrésistible ! " me chuchota t-elle alors dans le creux de l'oreille.
Son corps tutoyait le mien dans une promiscuité trouble tandis qu'elle passait un bras alangui autour de mes épaules tout en flattant de l'autre main la rondeur réhaussée de mes fesses...
Mon coeur s'affola, ma chair faiblit et une foule de fantasmes s'empara de moi..
Surprise par toutes ces divagations sensuelles je restai écartelée entre le désir de les voir exaucées et la crainte de leur concrétation abrupte.
Je n'eus ni le temps d'apprivoiser ces éventualités contraires ni celui de choisir.
La porte de la boutique venait de s'ouvrir , livrant passage à une cliente potentielle et le sortilège fut rompu sur le champ...
(Elise)
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