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''C'est un lieu de beauté, assoupi et fragile,
Baigné par un air tiède et empreint de douceur...
Une simple clairière où le soleil, agile,
Compose facétieux de nouvelles couleurs...''
La météo faisait des caprices entre ondées et éclaircies rendant aléatoire la garden party qui devait se tenir le soir même.
En fait,il s'agissait plutôt d'un buffet campagnard dont la rusticité exaltait à merveille les saveurs du terroir , mêlant plaisir des yeux et de l'odorat dans une débauche haute en couleurs digne des plus belles toiles de maîtres.
Sous la frondaison de chênes séculaires, les lourdes tables fermières prenaient des airs de noblesse sous la blancheur des nappes et dans l'aura dansante des bougies fleurissant comme autant de roses écloses à la ramure des chandeliers.
Les convives - les femmes en particulier- avaient déployé des trésors d'ingéniosité pour convertir en somptueuse capeline le plus modeste chapeau de paille et revisiter les petites robes estivales en bruissement soyeux à grands renforts de nœuds d'organdi,de jupons moirés et de rubans affriolants. Pour compléter cette belle harmonie, le maître de maison avait fait sonoriser le parc qui frémissait au rythme majestueux des grands airs baroques comme autant d'invitations au plaisir .
Chacun se servait à sa guise, picorant quelques grains de raison, grignotant une chiffonnade de jambon ou bien savourant une succulente mignardise; le tout accompagné de vins capiteux qui tournaient délicieusement la tête.
Il régnait une ambiance légère, propice à toutes sortes d 'amusements galants et de marivaudages polissons fidèles à l'esprit même du libertinage.
Dans un coin du parc des couples avaient remis à l'honneur colin-maillard et leurs éclats de rire ponctués de petits soupirs ravis en disaient long sur la manière de décrypter à tâtons les anatomies .
Près de nous attablés ,des couples flirtaient avec grâce et les hommes retrouvaient sous leurs lèvres le chemin vers la douceur d'une nuque inclinée ou bien le velouté d'une gorge pigeonnante.
Et toi, tu m'effleurais comme si tu redécouvrais la rondeur fragilisée de l'épaule, la finesse du poignet et l'extrême sensibilité du lobe de l'oreille.
Soudain, il y eût ces flots de musique balayant toute forme d'atermoiements et ce fût alors comme un enivrement collectif.
En une fraction de seconde tu t'étais volatilisé dans cette folle sarabande.
A mon côté : un homme étranger frôlait de sa bouche gourmande la commissure de mes lèvres tandis que des mains inconnues défaisaient les lacets de mon corsage et dénudaient mon buste.
Alors, un vertige subversif m'a emportée jusqu'à l'amnésie et j'ai alors offert ma peau à la pluralité de toutes ces sollicitations tactiles.
Par son allégresse redondante, la musique créait la magie de cette nuit d'été où tout devenait non seulement possible mais désirable.
Tandis que ricochais de voluptés en voluptés entre caresses, baisers à bouche -que -veux -tu et tendres griffures quelqu'un sous la table à écarté mes chevilles et des mains inconnues ont remonté le galbe de mes jambes puis parcouru mes cuisses et des baisers errants sont venus réchauffer mon entre jambes et s'abreuver jusque dans le creux de l'aine . Ensuite,il y a eu d'autres doigts alertes pour retrousser d'autorité mon jupon amidonné et une autre bouche pour s'immiscer encore plus haut vers mon ventre.
Qu'elle était agréable cette langue toute chaude,qui virevoltait en bas: là, entre mes cuisses avec cette façon à la fois tendre et obstinée de m'ouvrir par petites lampées comme tu le fais avant de me goûter et puis aussi cette langue plus empressée dont j'étais sûre qu'elle n'était pas tienne par sa façon hâtive de me fouiller ... A vrai dire, sur l'instant, je n'ai pas cherché à savoir si tu étais l'un de ces hommes agenouillé sous la table ,la tête enfouie contre mon mont de Vénus , léchant cette intimité ombreuse pour mieux m'épeler en deux rives puis suçotant ce bouton rose jusqu'à la turgescence pour mieux me réunifier.
Je me souviens de l'inexorable ondulation de mes hanches se portant à la rencontre de ces bouches, de ces langues et encore de mes mains arrimées sur ces têtes fantômatiques dans une implacable étreinte jusqu'à la convulsion orgasmique.
J'ai attendu que se dissipe lentement cet orage sensuel avant d'ouvrir les yeux.
J'étais à demi dévêtue, complètement échevelée , couverte de sueur et ... seule !
La pulsation ardente battant encore dans le défilé de mes cuisses m'assurait que je ne rêvais pas et ce n'est que plus tard que tu es réapparu : les yeux brillants et les lèvres rougies ..
Alors seulement j'ai voulu savoir si tu faisais partie de ces hommes m'ayant si généreusement gratifié de leurs bienfaits mais pour toute réponse tu as souri en posant l'index en travers de tes lèvres .
Et ce "chut" balançant entre acquiescement et désaveu était des plus ambigus...
A ce jour son mystère perdure et mon trouble reste entier....
( Elise )
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