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‘’ Les barques qui au loin
Confondaient leurs voiles avec les crissantes ailes des mouettes
Ou laissaient une écume pareille à des soupirs légers,
Trouvaient dans ma poitrine confiante un envoi,
Un cri, un nom d'amour, un désir pour mes lèvres humides …
Tendrement dans ma bouche, la lumière du monde m'illuminait.
Toute la montée de la vie grisa mes sens…’’
Vicente Aleixandre
(Ombre du paradis)
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.
Jacques Prévert
(Sables mouvants)
On m'a offert un coquillage.
Il y chante
Une mer de mappemonde
Et l'eau emplit mon coeur
Avec ses petits poissons
D'ombre et d'argent.
Federico Garcia Lorca
J’avais déjà écrit ce texte lorsque j’ai retrouvé celui – magnifique et bouleversant - de Christian Bobin…
Je vous les offre successivement comme deux visions oniriques de cette « robe blanche » et autant de respirations entre sensualité, joie, tristesse, larmes et regrets …
Etait ce le grain si pur de la lumière, ce soleil exubérant qui hachurait le paysage d’ombres obliques et fuselées... Ce matin d’été avait un air de fête.
J’avais envie de me vêtir de blanc comme pour baptiser cette abondance éclaboussée de soleil et cette vie palpitant jusque dans le moindre brin d’herbe, le plus infime tressaillement de l’air…
Le hâle de ma peau soulignait la nacre moirée de la jupe volantée et lorsque tu m’as aperçue tu as poussé un « Oh !... » surpris et ravi.
Et je virevoltais… je virevoltais sans fin dans mon jupon immaculé avec l’insouciance heureuse d’une enfant comblée, encore enveloppée dans ses rêves couleur dragée.
Tu m’as pris la main, un peu ému, un peu troublé par cette juvénile apparence que je t’offrais ainsi : comme une seconde virginité.
Main dans la main, silencieux et pensifs, nous avancions sur le petit chemin de campagne et les arbres bruissants nous faisaient la haie d’honneur.
A quoi pensais tu tandis que le vent polisson soulevait mon cotillon dans des tourbillons de poussière dorée ?
Je frémissais sous sa caresse soyeuse faufilée dans mon entrejambes pour mieux courtiser mon intimité si lisse et caresser de ses doigts de zéphyr ce fragile coquillage clos sur ses secrets d’amour.
Alors, je me suis sentie si petite, si fragile, si cristalline auprès de toi, comme la toute première fois où nous avons étrenné la tendresse de nos ombres courbées…
Et dans la campagne inondée de soleil, enivrée par le chant des cigales nous avons renouvelé ces noces blanches avec pour seul témoin la silhouette tutélaire d’un vieux chêne protégeant notre amour…
(Elise)
‘’Ainsi vous ai-je vu avancer dans la poussière d’été, toute légère dans votre robe toute blanche.
Celle qu’on aime, on la voit s’avancer toute nue. Elle est dans une robe claire, semblable à celles qui fleurissaient autrefois le dimanche sous le porche des églises, sur le parquet des bals. Et pourtant elle est nue - comme une étoile au point du jour. A vous voir, une clairière s’ouvrait dans mes yeux. A voir cette robe blanche, toute blanche comme du ciel bleu.
Avec le regard simple, revient la force pure.
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Je vous reconnaissais. Vous étiez celle qui dort tout au fond du printemps, sous les feuillages jamais éteints du rêve. Je vous devinais depuis longtemps déjà, dans la fraîcheur d’une promenade, dans le bon air des grands livres ou dans la faiblesse d’un silence. Vous étiez l’espérance de grandes choses. Vous étiez la beauté de chaque jour. Vous étiez la vie même, du froissé de vos robes au tremblé de vos rires.
Vous m’enleviez la sagesse qui est pire que la mort. Vous me donniez la fièvre qui est la vraie santé.
Et puis vous êtes partie. Ce n’était pas trahir. C’était suivre le même chemin en vous, simple dans ses détours. Vous emportiez avec vous la petite robe de neige. Elle ne dansait plus dans ma vie. Elle ne tournait plus dans mes rêves. Elle flottait sous mes paupières lorsque je les fermais pour m’endormir, juste là : entre l’œil et le monde. Le vent des heures l’agitait fiévreusement. L’orage des chagrins la rabattait sur le coeur, comme un volet sur une vitre fêlée.
Qui n’a pas connu l’absence ne sait rien de l’amour. Qui a connu l’absence a pris connaissance de son néant - de cette connaissance lointaine qui fait trembler les bêtes à l’approche de leur mort ’’.
Christian Bobin
(Extrait de Une petite robe de fête)
Tête baissée, corps arc-bouté, je lutte contre le vent pour avancer sur ce trottoir quasi désert.
Une bourrasque et voilà mon parapluie qui se retourne et exhibe ses baleines en calice tel une fleur urbaine d’acier et de nylon.
La giboulée m’égare, la pluie m’aveugle et soudain : la collision improbable, violente.
Le nez écrasé contre un torse dont la solidité de bouclier - je le pressens - ne peut être que masculine, je bafouille quelques vagues excuses.
Mes cheveux dégoulinent affreusement, la petite robe légère me colle à la peau d’une manière indécente tandis que je lève un regard aussi fautif que rageur à l’encontre du survenant.
L’incrédulité fige nos visages si abruptement confrontés.
En une fraction de seconde le passé lointain ressurgit et nous saute à la figure.
L’émotion empourpre mes pommettes tandis que tu te penches vers moi pour y déposer deux baisers mutins et fondants.
Non, je n’ai rien oublié…
Rien oublié de ces deux adolescents insouciants qui dévoraient à pleines dents une vie encore indéfinie mais infinie dans ses promesses…
Face à ta haute stature, je redeviens cette juvénile lilliputienne qui autrefois, pour amoindrir nos différences de taille, marchait sur le trottoir tandis que toi, tu restais sur la chaussée en prenant soin d’étriquer ta foulée de géant.
Et maintenant, je retrouve ton bras protecteur enroulé autour de mes épaules et nous courons comme deux naufragés vers la chaleur de ce bistrot surgi de nulle part et qui semble n’attendre que nous.
Tu commandes l’un de ces cocktails alcoolisés dont nous aimions jadis nous réchauffer ; peut être pour nous donner l’illusion de hâter ainsi notre entrée dans le monde des adultes expérimentés.
Tes yeux me dévorent littéralement et je ne sais plus si c’est le jeune homme qui fût mon premier amour qui me dévisage de la sorte ou bien cet homme dans la plénitude de l’âge qui me déshabille ainsi du regard : sans vergogne.
Pourquoi mon cœur s’accélère- t- il ainsi ? Par quelle bizarrerie je feins de croire que toutes ces vagues de frissons ne sont que les prémices d’un refroidissement ?
Allons ! Que diable … Je ne suis plus cette jeune fille intimidée que tu faisais rêver à l’âge où l’on croit encore dur comme fer au prince charmant !
Et pourtant… C’est fou le charme que tu as !
Une sorte d’aura magnétique enveloppe d’une douceur indéfinissable tes tempes grisonnantes et griffe malicieusement le coin de tes yeux …
Je ne veux pas que tu me reprennes ces bribes de cœur, celles que tu m’as laissées autrefois lorsque tu disais m’aimer tout en me demandant de t’attendre sagement : juste le temps nécessaire d’aller trousser quelques nouveaux jupons blancs, caresser d’autres peaux satinées, goûter d’autres baisers sur des lèvres de hasard et courber d’autres corps non défendants à la fièvre de ton désir.
Je n’étais pas venue au rendez vous suivant. Il ne pouvait plus ressembler à tous ceux qui nous faisaient rituellement nous retrouver devant la fac à la sortie de ton amphi de droit et de philo pour moi.
Nous nous envolions alors, main dans la main, rieurs et inconséquents vers quelque nid de connivence où nous refaisions le monde entre révision des cours et initiation charnelle.
Nous étions tous deux puceaux et cette virginité métissée de romantisme chauffait autant nos sens qu’elle différait cette envie de découvrir l’alchimie des corps imbriqués et l’extase éphémère qui les confond.
Nous sommes restés à la lisière, flirtant au bord du précipice, à la fois excités et angoissés à l’idée de ce basculement que nous savions irréversible.
Nos corps gourmands louvoyaient entre tous les plaisirs que nos bouches, nos doigts et nos langues intrépides décryptaient un peu plus à chaque fois.
Qu’il était bon et terriblement troublant ce mystérieux vertige qui nous retenait encore – pour combien d’heures, de jours ?- dans l’exploration ardente de nos différences anatomiques si promptes à entrer en interaction.
Après ce rendez vous que je n’avais pas honoré, tu m’avais relancée mais je t’avais repoussé.
Je savais désormais que je n'aurais plus ni la patience, ni le renoncement vertueux des femmes de marins qui attendent, asexuées, le retour au port de l’absent…
Chacun sur sa rive, nous nous étions dissous dans l’écume des jours, au ressac de la vie…
Et maintenant nous revoici : assis en tête à tête dans cette promiscuité tamisée qui incite aux aveux, aux frôlements de jambes et aux doigts confidents.
La nuit est tombée et les pavés luisent sous les feux éclaboussés des enseignes lumineuses.
Amnésiques de l’heure, oublieux de nos présents respectifs, la tentation de parachever cette connaissance corporelle laissée en jachère grandit : outrancière, provocante, ravageuse.
Une histoire doit avoir un commencement et un terme… Décidément je n’aime pas les histoires inachevées !
Mais n’est ce pas illusion que de vouloir reprendre le cours des choses lorsque plus rien n’est comme avant : ni le contexte, ni les êtres…
Mon corps se contracte, je referme ce cœur fragilisé qui rend mes mains moites et tremblantes et je me lève brusquement.
Ton regard s’est assombri et ton sourire enjôleur s’est brisé net aux commissures de tes lèvres.
« Je suis heureuse, sincèrement heureuse de t’avoir revu » : C’est tout ce que je trouve à dire et je m’en veux de trahir par une telle platitude l’émotion qui me bouleverse.
Vite ! M’évader tant qu’il en est encore temps…
« Bon … j’y vais ! »
Silence…
« Echangeons au moins … nos numéros de téléphone ! » Me lances-tu en guise de supplique.
A la hâte je griffonne mes coordonnées sur un bout de papier que tu m’arraches des doigts comme une prise de guerre.
Je me suis tue, incapable de choisir entre un « Au revoir » et un « Adieu »
D’autorité, tu prends ma main et tu ouvres ma paume pour y glisser ta carte de visite puis, sans préavis, tu me serres contre toi pour effleurer ma bouche.
J’avais oublié ton goût de sel ; maintenant il me brûle les lèvres…
Alors je me remets à penser très fort, à cet homme , là-bas, quelque part dans la ville.
Cet homme de mon présent que j'aime si fort que cela en devient presque douloureux.
Je me raccroche à lui et son absence se fait omniprésente.
Je pense à lui, à nous.
« On m’attend » …
Ai je crié ou bien murmuré : je ne sais pas, je ne sais plus…
Je tourne prestement les talons et dans mon dos, je sens ce regard du passé qui me poursuit comme une ombre indélébile.
Plus loin, je jetterai la carte de visite sans l’avoir lue…
Ôh ... Mon parapluie ! ... J'ai oublié mon parapluie ! …
« La vie est comme un jeu d'échecs : nous esquissons un plan, mais celui-ci est tributaire de ce que daignent faire
l'adversaire aux échecs et le destin dans la vie. »
Arthur Schopenhauer
« Tout homme marié vous dira que la vie est comme une partie d'échecs : tout est en fonction de la reine. »
Ilya Katsnelson
« Il est trop triste de savoir que la vie ressemble à un jeu d'échecs, où une seule fausse démarche peut nous obliger à
renoncer à la partie, avec cette aggravation que dans la vie nous ne pouvons même pas compter sur une partie de revanche. »
Sigmund Freud
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